Suyana ne se souvenait pas comment la conversation en était arrivée là. En cette fin de soirée elle discutait tranquillement avec Rintchu lorsqu’elle avait glissé dans la conversation qu’elle aimait bien entendre des histoires. Sans doute sans réaliser là où il s’aventurait, il lui avait alors proposé de lui en raconter une, ce qu’elle avait immédiatement acceptée. S’installant confortablement, elle fixa toute son attention sur lui, curieuse de découvrir ses talents de conteur.
« Il était une fois une jolie princesse qui vivait dans un grand château. C’était une très belle princesse avec de longs cheveux noirs légèrement frisés. Elle avait un papa qu'on appelait le ROI, dont elle avait pris l'intelligence, et une maman (la reine, bravo) dont elle avait pris la beauté.
Cette belle princesse avait tout pour être heureuse. Elle pouvait avoir tout ce qu'elle désirait, mais elle restait d'une simplicité étonnante. Elle était d'une douceur incroyable et tous les princes des royaumes alentours l'avaient demandée des dizaines de fois en mariage. Mais Son coeur était déjà pris par un homme au coeur aussi pur qu'elle. En un mot, ils s'aimaient de tout leur cœur.
Mais cette princesse si belle soit elle et si amoureuse soit elle, avait au fond d'elle un petit quelque chose qui l'a tracassait, allant jusqu’à la réveiller la nuit. Ne sachant ce que cela pouvait être, elle essaya d'oublier ces désagréments. Hélas rien n'y faisait. Elle décida donc d'en parler à sa tendre mère.
- Mère (oui on ne s’appelait pas maman à l'époque). Mère ... j'ai tout pour être heureuse mais j'ai comme un ressentiment au plus profond de moi qui me fait me sentir mal. Quelle est donc cette curieuse maladie ?
La reine regarda alors sa fille avec des yeux ronds. Son visage avait pâli, et des rides s'étaient soudainement creusées. Elle essaya de feindre l'indifférence.
- Mais que raconte-tu la ? Tu dois sans doute rêver ma chère enfant (qu'ils étaient polis à l'époque). Prends un peu de repos, tu verras, tout ira mieux dans quelques temps…
La princesse (très intelligente mais on va dire qu'elle n’a pas fait attention à la métamorphose de sa mère. C'est dur à croire, mais c'est vrai. Pourtant elle est pas blonde, enfin ...) se retourna et un peu déçue par la réponse de sa mère alla trouver son père.
- Père, est-il possible qu'un mal touche une personne alors que celle-ci a tout pour être heureuse ?
(Elle essaye d'être plus maligne au deuxième coup)
- Chère enfant, qu'entends tu par là ?
- Et bien, une amie à moi m'a raconté qu'un même rêve la réveillait chaque nuit, et que même lorsqu'elle est heureuse, quelque chose au fond d'elle la tracasse et la rend un peu triste. Est-ce possible?
Le roi bascula la tête en arrière et éclata d’un grand rire.
- Mon enfant, je crois que ton amie a un problème. Elle doit être un peu folle. (Oui les hommes mettent toujours plus de temps pour comprendre les subtiles sous entendus des femmes)
Meryl tourna les talons avec la rapidité de la lumière et partit en claquant bien fort la porte du bureau du roi. Après ses parents, il ne restait plus qu'une personne pouvant l'aider et à qui elle pouvait se confier, son Runtchi. Mais bien qu'elle l'aimait beaucoup, elle avait peu d'espoir que celui-ci trouve une réponse à son malaise. Après tout, même ses parents n’avaient rien compris.
Runtchi était comme à son habitude en train de se balader sur les chemins de la ville en essayant d'aider les gens dans le besoin.
- Runtchi (Rintchu c'est pas beau, mais Runtchi c'est encore plus laid), auriez-vous cinq minutes a m'accorder? (Oui ils se vouvoyaient tous à cette époque)
Elle s'approcha de lui et l'embrassa.
- Bien sûr ma belle et tendre Meryl que vous arrive-t-il?
Et Meryl se relança dans une série d'explications sur son malaise. Runtchi se gratta le menton avec son index et ferma les yeux pour réfléchir. Il avait beau chercher, aucune explication plausible ne lui venait à l’esprit. Impuissant devant ce problème, il finit par dire :
- Je ne peux vous répondre damoiselle, cependant je vais faire mon possible pour me renseigner et vous aider.
Meryl lui adressa un grand sourire et déposa un baiser sur sa joue avant de repartir vers le château. »
Rintchu se tut soudain. Fatigué, il souhaitait faire une pause et reprendre son récit plus tard. Suyana eut une moue désapprobatrice. Mais il avait pris sa décision, la suite de l’histoire viendrait un autre jour. La félys pria intérieurement pour que ce soit le lendemain. Sa curiosité éveillée, elle brûlait d’envie de connaître la suite.
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